Assemblée nationale-vote de la motion de censure contre le gouvernement d’Amadou Ba : Yewwi rate son coup
L’Assemblée nationale a rejeté hier, jeudi 15 décembre, la motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Amadou Ba. Déposé par les députés de l’opposition membres du groupe parlementaire Yewwi askan wi, le texte a obtenu 55 voix sur les 165. Les députés membres du groupe parlementaire « Liberté démocratie et changement » de la coalition Wallu Sénégal du Parti démocratique sénégalais se sont abstenus lors du vote.
L’opposition parlementaire enchaine son troisième revers devant la majorité au pouvoir depuis l’installation de la 14e législature, le 12 septembre dernier. Après l’échec du contrôle de la présidence de l’Assemblée nationale et celui du blocage des budgets de certaines institutions jugées « inutiles » et « budgétivores », l’Assemblée nationale a rejeté hier, jeudi 15 décembre, la motion de censure contre le Premier ministre, Amadou Ba, déposée par le groupe parlementaire Yewwi askan wi. Soumis au vote après quatre-vingt-dix minutes de débat, le texte introduit par Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi askan wi, n’a obtenu que 55 votes favorables sur un total de 165 députés. Annoncée comme une mesure phare de cette 14e législature devant confirmer l’équilibre des forces au niveau de l’Assemblée nationale entre majorité et pouvoir, cette motion de censure n’a pas pu fédérer toute l’opposition qui représente en tout 80 voix dont 56 pour le groupe « Yewwi askan wi » et 24 pour celui de « Liberté démocratie et changement ».
En effet, accusant leurs collègues de l’opposition de ne pas les avoir associés dans la préparation de ce texte, les députés du groupe parlementaire « Liberté démocratie et changement » se sont abstenus lors du vote. Au-delà du groupe parlementaire de la coalition Wallu Sénégal affilié au Parti démocratique sénégalais (Pds), tous les 56 députés de Yewwi askan wi n’ont pas également voté pour cette motion de censure qui a été en revanche approuvée par l’ancien Premier ministre et tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar lors des dernières législatives, Aminata Touré. Avec ce résultat, le gouvernement du Premier ministre, Amadou Ba, va pouvoir continuer sa mission de mettre en œuvre la politique jusqu’au moins la prochaine session puisque que l’opposition ne pourra plus déposer de motion de censure durant la présente session.
Il faut juste rappeler que le vote de ce texte a été précédé d’un débat intense qui a duré près de deux heures sur le bien-fondé de cette 6e motion de censure dans l’histoire de la représentation nationale. Plusieurs parlementaires ont pris la parole pour donner leur position par rapport à ce texte déposé par Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi askan wi. Peu après l’ouverture de la session par le président de l’Assemblée nationale qui a invité ses collègues à un débat démocratique basé sur le respect et l’écoute, Birame Souleye Diop a été invité à prendre la parole pour présenter l’exposé des motifs de ce texte. Dans son intervention, le député-maire de la commune de Thiès nord a indiqué que cette « motion de censure se présente comme une motion de défiance à l’égard du Premier ministre qui n’a pas voulu poser la question du vote de confiance des députés, au terme de sa déclaration de politique générale. « Il y va de la crédibilité de l’institution parlementaire », a fait remarquer le député de l’opposition.
Toutefois, lors de son intervention avant le vote, le Premier ministre Amadou Ba s’est démarqué de ces accusations des auteurs de la motion de censure qu’il accuse à son tour de vouloir transformer une «faculté en obligation». « Vous pouvez ne pas être d’accord avec notre politique parce que peut-être vous pensez pouvoir en faire autant ou mieux. Vous en avez le droit certes mais ce n’est pas une raison pour renoncer à l’appréciation lucide et clairvoyante. Peut-être qu’un jour, vous élaborerez et mettrez en œuvre votre politique pour le bien de notre cher pays », a-t-il lancé avant de marteler toujours à l’endroit des auteurs de cette motion de censure. « Le peuple vous observe, nous observe mais vous préférez peut-être rester sourds à ses alertes incessantes face aux nouvelles pratiques que vous avez introduites dans le champ politique et dans lesquelles le peuple ne se retrouve point. Libérez le peuple, Yewwi lène askan-wi, de la désinformation, de la manipulation et de l’arrogance comme mode de communication politicienne ».
NANDO CABRAL GOMIS